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      Devenir parent nécessite déjà en soi des modifications psychiques importantes. Mais lors d’une naissance prématurée, l’enfant vient faire irruption avant la fin du parcours psychique des parents et le processus de parentalisation est mis à mal. Une naissance prématurée représente alors un véritable choc affectif, tant pour la mère, le père que l’ensemble de la famille. Tous souffrent de ne pas être réunis.


                                       Une séparation brutale


     Tout juste né, l’enfant prématuré doit repartir aussi vite, il a besoin de soins et va être transféré dans un autre service, ou dans un autre hôpital. Ce moment est difficile pour les parents qui ne peuvent pas être auprès de lui. Lors d’un accouchement par césarienne, la mère ne peut même pas l’apercevoir. Le lien mère-enfant est ainsi subitement rompu alors que les premières heures, les premiers jours, sont essentiels pour la mère et son bébé.



                                 Le deuil de la fin de la grossesse

     La perte du statut de femme enceinte et le vécu corporel de la grossesse

     Alors que son ventre s’arrondissait, que son entourage commençait à percevoir la réalité de cette grossesse, que les parents allaient organiser l’arrivée du bébé dans la maison, que la mère était l’objet de toutes les attentions… brutalement la naissance a lieu et met fin à ce statut de femme enceinte. L’interruption de cette expérience physique de la grossesse occasionne alors chez certaines femmes une grande frustration. En effet, la future mère qui appréciait voir son corps se transformer et ressentir les mouvements fœtaux n’a pas eu le temps de se préparer et de ressentir corporellement toutes les étapes émotionnelles et physiologiques de la grossesse. 

     Les rêveries de la femme enceinte


     Avec la naissance prématurée, la rupture fantasmatique est brutale. Ce que la mère avait imaginé à propos de son bébé se trouve confronté subitement à un enfant réel, qui d’emblée doit se battre pour survivre. Par son absence et la blessure qu’il inflige, il devient parfois persécuteur pour les parents. Un processus de deuil de l’enfant imaginaire doit alors se faire, la rêverie au sujet du bébé, si présente dans les deux derniers mois de la grossesse ne pouvant être vécue.


                              Le deuil d’une naissance « normale » 

      Une naissance prématurée nécessite également de faire le deuil d’une naissance « normale ». En effet, les parents sont privés de ces moments de joie de l’après accouchement, moment où les parents apprennent à connaître leur bébé, reçoivent des félicitations, des fleurs et des cadeaux. Souvent, les mécanismes de défense des parents se mettent alors en place afin d’éviter que cette expérience douloureuse ne dépasse leurs capacités psychiques.


                                  Une avalanche de sentiments 
 
      C. DRUON évoque les multiples sentiments qu’une mère « prématurée » peut éprouver.
Celle-ci est souvent désorientée car la situation lui semble irréelle. Quand elle se rend compte que l’accouchement n’était pas un rêve, elle ressent alors un sentiment de flou, de vide, avec une perte relative du sens de la réalité.

En plus, elle se sent souvent coupable de ne pas avoir su mener sa grossesse à terme et craint d’être jugée. Parfois même en colère, elle se demande pourquoi cela lui arrive à elle et en veut à son entourage et à son milieu professionnel.

Jalouse des mamans qui ont leur bébé près d’elles, elle se sent également désemparée, seule et frustrée de l’absence de son enfant. Le baby blues est alors décalé, remplacé par un sentiment de tristesse et survient le plus souvent dans les jours qui suivent la sortie du bébé de l’hôpital.

D’autres mères au contraire, ne semblent pas souffrir de l’absence de leur enfant auprès d’elle.
     En ce qui concerne la première visite dans le service, elle est souvent angoissante car la mère ne reconnaît pas son enfant comme sien, elle est souvent impressionnée par l’appareillage autour de lui. Parfois, elle va se sentir déçue, son bébé étant si petit et si différent de tout ce qu’elle avait pu imaginer. La naissance prématurée représente ainsi une blessure narcissique pour les parents.
     De plus, les parents « prématurés » ont souvent peur de perdre leur bébé, ce qui provoque parfois un mécanisme de défense tel que le deuil anticipé de l’enfant pour se protéger. Ils désinvestissent alors leur bébé, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur leur relation à venir si celui-ci survit. Les parents sont également partagés entre le désir que leur enfant vive et le souhait qu’il meure si les séquelles sont importantes. C. DRUON rappelle que la « préoccupation maternelle primaire » se trouve alors remplacée par la « préoccupation médicale primaire ».
     Entre culpabilité, impression d’être inutile, déception… certaines mères vont avoir des difficultés à investir leur enfant et à venir le voir. Le toucher, dans cette situation délicate de la prématurité, va donc permettre aux parents d’entrer en contact avec leur bébé, afin de nouer un lien qui a débuté progressivement pendant la grossesse et qui s’est tant fragilisé à la naissance.
     De plus, à l’égard de l’équipe soignante, la mère ressent parfois des sentiments ambivalents. Elle est partagée entre l’idée de la supériorité professionnelle de l’équipe soignante, et la crainte d’un rapt affectif de son enfant. Elle se sent alors rivale de l’équipe. Ce n’est pas elle qui subvient aux besoins de son bébé et ce rôle de

« spectatrice » amène un sentiment d’impuissance. La reconnaissance des parents envers l’équipe viendra plus tard. Lors du départ du service, un processus de deuil est même souvent rencontré (les parents étant partagés entre la joie d’un retour à la maison et l’inquiétude de la non surveillance de leur enfant). Ainsi, ils décrivent souvent le retour à la maison comme une « deuxième naissance ». 


                                            Le père « prématuré »

     Lors d’une naissance prématurée, le rôle du père diffère de celui d’une naissance à terme.

En effet, alors que dans une naissance « normale » il est guidé par sa femme pour faire connaissance avec son enfant, dans le contexte de la prématurité, c’est souvent le premier à voir son bébé, à visiter le service, à en apprendre les règles de fonctionnement… Jouant le rôle habituellement tenu par la mère, il va être auprès de son enfant, aider l’équipe soignante à assurer les soins, lui parler, le toucher… « Il risque de se sentir investi de cette « préoccupation maternelle primaire » normalement dévolue à la mère ».

Souvent, l’équipe lui propose de faire une photo afin de la montrer à la mère, ce qui lui permettra notamment de préparer la future rencontre avec son bébé.

Le père joue ainsi un rôle d’initiateur, de médiateur entre sa femme et le nouveau-né et de messager. Auprès des familles, c’est également lui qui apporte des nouvelles sur l’enfant et la maman.
    Mais une naissance prématurée représente pour lui aussi une difficile épreuve physique et psychique, de part ce rôle qui lui est confié. Il est souvent impressionné par tous les appareils qui entourent son bébé et préoccupé de son état de santé. Ainsi, le père a également besoin d’être contenu par l’équipe, pour pouvoir soutenir sa femme dans cette épreuve.

 

      Les parents « prématurés » vivent donc des moments bouleversants, risquant de perturber leur relation avec leur bébé et de rendre difficile l’établissement du lien d’attachement.

 

 

Devenir parent prématurément