Pour un nouveau-né prématuré, le milieu constitué par l’incubateur peut se montrer à la fois surstimulant et sous-stimulant. De plus, « les sollicitations auditives, olfactives, visuelles… sont constantes pour un enfant hospitalisé prématurément et tout à fait différentes de ce qu’elles auraient été dans le cas d’une naissance à terme ». Ses sens, encore immatures, sont ainsi bombardés de stimulations. Le bébé prématuré subit une hyperstimulation tactile et vestibulaire. Sa peau devient une zone à haut risque d’effraction et de souffrance. Piqué, perfusé, ponctionné, sondé, son corps fait ainsi l’objet de multiples manipulations et soins désagréables et douloureux. A toutes ces hyperstimulations, s’opposent certaines hypostimulations. Ce milieu « s’avère peu propice à l’apport des afférences tactiles et vestibulaires qui sont habituellement produites par le portage du bébé, le toucher de son corps. Il y a ici source de sous-stimulation et de carence ». En effet, le corps du prématuré manque de changements de position, de contacts englobants et doux ; quant à l’oralité et aux plaisirs qui s’y attachent (succion, déglutition, goût des différents aliments…), ils font souvent défaut. Il y a ainsi un véritable paradoxe dans le registre du temps en néonatalogie car l’enfant prématuré ne connaît pas les rythmes habituels du bébé à terme, concernant le sommeil, la veille et l’alimentation.
Un environnement inadapté peut engendrer chez le bébé prématuré, des conséquences physiologiques, comportementales et motrices néfastes, à court, à moyen et à long terme.
- Baisse de la saturation en O2, Bradycardie, Tachycardie, Apnée, Tachypnée, Comportement d'aversion aux manipulations, Irritabilité, Colique, Changement de couleur de la peau... - Rétinopathie, Perte de la vision, Hémorragie intra-crânienne, Hypo ou hyper tension systémique, Incapacité à s'auto-consoler... - Trouble du sommeil, du comportement, Retard moteur et langagier, Mauvaise perception du schéma corporel, Déficit d'attention et Hyperactivité, Trouble des apprentissages, Difficultés émotionnelles...
Pour que le prématuré puisse avoir un bon développement psychomoteur, il faut le placer dans un environnement adapté en intensité, en fréquence mais aussi à son terme.
Quelques propositions :
* L’environnement
Par rapport à la lumière : limiter les nuisances visuelles
- Niveau lumineux ambiant £ 600 lux (beaucoup plus réduit la nuit) - Installer des stores aux chambres (les baisser en cas de trop forte luminosité, ou pour respecter l’intimité des parents) - Utiliser un éclairage doux, des spots orientables, des variateurs de lumière, des lampes qui s’allument séparément et non de grands néons au dessus de la couveuse - Réintroduire progressivement la lumière dans la chambre - Protéger les yeux de l’enfant lors des soins qui nécessitent beaucoup de lumière (mettre une compresse, une main ou un lange sur les yeux) - Utilisation de cache-couveuse
Par rapport au bruit : limiter les nuisances sonores
- Pics maxi inférieurs à 70 dB - Réduire le volume des alarmes, le volume des sonneries téléphoniques - Parler à voix basse à l’intérieur des chambres - Faire les transmissions (médecins-infirmières) hors des chambres - Fermer délicatement les portes, ne rien poser sur l’incubateur, éliminer la condensation formée dans les tubes du respirateur, disposer d’un moniteur central qui enregistre les tracés des enfants… - Utiliser la musique en interaction avec l’enfant (musique écoutée pendant la grossesse, musique choisie par les parents, musique douce rassurante…) (mais ni trop fort, ni en continu et pendant des moments d’éveil)
Limiter les nuisances olfactives
- Préserver le nez du bébé des odeurs désagréables des produits utilisés pour le nettoyage (ouvrir les produits hors de l’incubateur) - Placer dans la couveuse un mouchoir avec l’odeur rassurante de la mère
* Pratiques de soutien de développement
- Favoriser la détente du bébé en pratiquant un toucher contenant (poser une main sur le ventre et une sur la tête de l’enfant), un « massage », un peau à peau, un bain enveloppé… - Installer tous les bébés dans un « cocon », favorisant une position adéquate des articulations et leur apportant des appuis corporels, ainsi qu’un sentiment de sécurité interne. Privilégier la position latérale. - Pratiquer la succion non-nutritive. La sucette permet de simuler le sein de la maman, d’entretenir le réflexe de succion des bébés gavés, de mieux digérer (restitue l'étape salivaire de la digestion), de se détendre, de rassembler le bébé autour d'une zone essentielle, la bouche, et permet un auto-massage des éléments crâniens, bien malmenés à la naissance. - Favoriser le grasping pour calmer l’enfant (le doigt du soignant pendant les soins, un tissu léger apporté par les parents…)
* Organisation des soins
- Regrouper certains soins pour éviter de déranger trop souvent le bébé, ou les répartir sur la journée afin de lui ménager des périodes de récupération. Cela nécessite de mettre en place une collaboration entre les médecins et les infirmières - Avoir tout le matériel nécessaire à portée de main pour réaliser le soin - Réaliser à deux (lorsque c’est possible) les soins douloureux : une infirmière réalise le soin et une autre personne (infirmière, psychomotricienne, parent) contient l’enfant - Rendre les parents « acteurs » dans la prise en charge de leur enfant (rôle de soutien pour le bébé, réalisation des soins, du bain…)
* Autres
- Personnaliser la chambre du bébé avec des photos des parents, des dessins des frères et sœurs placés sur les murs ; des jouets et peluches mis dans la couveuse (dans la ligne du regard du bébé de préférence) - Créer une pièce de détente pour les parents (dans laquelle ils peuvent réchauffer un repas, se détendre, discuter avec d’autres familles…)
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L'environnement du bébé en néonatalogie |