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     Pour un nouveau-né prématuré, le milieu constitué par l’incubateur peut se montrer à la fois surstimulant et sous-stimulant. De plus, « les sollicitations auditives, olfactives, visuelles… sont constantes pour un enfant hospitalisé prématurément et tout à fait différentes de ce qu’elles auraient été dans le cas d’une naissance à terme ».

     Ses sens, encore immatures, sont ainsi bombardés de stimulations.  Le bébé prématuré subit une hyperstimulation tactile et vestibulaire. Sa peau devient une zone à haut risque d’effraction et de souffrance. Piqué, perfusé, ponctionné, sondé, son corps fait ainsi l’objet de multiples manipulations et soins désagréables et douloureux.
     De plus, son corps se retrouve soumis aux contraintes de la pesanteur et l’enfant n’a ni la maturité, ni le tonus musculaire pour contrer la force de gravité. 
     L’hyperstimulation est aussi visuelle car l’intensité lumineuse est souvent forte et les lumières du service régulièrement allumées.
    D’un point de vue auditif, alors que dans le liquide amniotique, les sons parviennent au fœtus de façon atténuée (il perçoit en moyenne 40 à 60 décibels), le bébé prématuré entend les bips continuels des appareils, la sonnerie du téléphone, le bruit strident des alarmes qui se déclenchent, les voix des soignants…
    Il est également soumis aux odeurs fortes et désagréables comme celle de l’alcool et des désinfectants.

    De plus, les expériences sensorielles vécues par ce bébé ne respectent pas la chronologie du développement des différentes fonctions sensorielles durant la gestation : alors que la vision et l’audition sont les deux derniers sens à devenir fonctionnels chez le fœtus, ces deux sens sont les plus sollicités chez le bébé prématuré.

    A toutes ces hyperstimulations, s’opposent certaines hypostimulations. Ce milieu « s’avère peu propice à l’apport des afférences tactiles et vestibulaires qui sont habituellement produites par le portage du bébé, le toucher de son corps. Il y a ici source de sous-stimulation et de carence ». En effet, le corps du prématuré manque de changements de position, de contacts englobants et doux ; quant à l’oralité et aux plaisirs qui s’y attachent (succion, déglutition, goût des différents aliments…), ils font souvent défaut.

    De plus, les soins du bébé interviennent de manière itérative, brisant le rythme de l’enfant. Durant la journée, se succèdent les gavages, les changes et les prélèvements sanguins. S’intercalent également la visite médicale et parfois des examens particuliers. Le nouveau-né est souvent perturbé dans son sommeil, touché, manipulé et donc dérangé, même si le personnel essaye de regrouper au maximum les soins. B. GOLSE considère ainsi que « pour les bébés, il n’y a pas le début d’une journée ou la fin d’une autre, mais plutôt un enchaînement ininterrompu de soins ».

    A ce discontinu, s’oppose parfois le continu de l’éclairage et du bruit, sans respect ni distinction du rythme nycthéméral (alternance jour-nuit).

    Il y a ainsi un véritable paradoxe dans le registre du temps en néonatalogie car l’enfant prématuré ne connaît pas les rythmes habituels du bébé à terme, concernant le sommeil, la veille et l’alimentation.

 



    Les conséquences possibles de l’écologie de l’unité néonatale chez  le nouveau-né prématuré

 

    Un environnement inadapté peut engendrer chez le bébé prématuré, des conséquences physiologiques, comportementales et motrices néfastes, à court, à moyen et à long terme.


Peuvent êtres notés :

- Baisse de la saturation en O2, Bradycardie, Tachycardie, Apnée, Tachypnée, Comportement d'aversion aux manipulations, Irritabilité, Colique, Changement de couleur de la peau...

- Rétinopathie, Perte de la vision, Hémorragie intra-crânienne, Hypo ou hyper tension systémique, Incapacité à s'auto-consoler...

- Trouble du sommeil, du comportement, Retard moteur et langagier, Mauvaise perception du schéma corporel, Déficit d'attention et Hyperactivité, Trouble des apprentissages, Difficultés émotionnelles... 




     En collaboration avec l’ensemble de l’équipe soignante, le psychomotricien va ainsi chercher à améliorer l’environnement dans lequel vit le bébé prématuré, celui-ci étant dystimulant et inadapté à son niveau de développement.

     Pour que le prématuré puisse avoir un bon développement psychomoteur, il faut le placer dans un environnement adapté en intensité, en fréquence mais aussi à son terme.

 

Quelques propositions :

 

 

* L’environnement

 

Par rapport à la lumière : limiter les nuisances visuelles 

 

-         Niveau lumineux ambiant £ 600 lux (beaucoup plus réduit la nuit)

-         Installer des stores aux chambres (les baisser en cas de trop forte luminosité, ou pour respecter l’intimité des parents)

-        Utiliser un éclairage doux, des spots orientables, des variateurs de lumière, des lampes qui s’allument séparément et non de grands néons au dessus de la couveuse

-        Réintroduire progressivement la lumière dans la chambre

-        Protéger les yeux de l’enfant lors des soins qui nécessitent beaucoup de lumière (mettre une compresse, une main ou un lange sur les yeux)

-    Utilisation de cache-couveuse

 

            Par rapport au bruit : limiter les nuisances sonores

 

-         Pics maxi inférieurs à 70 dB

-         Réduire le volume des alarmes, le volume des sonneries téléphoniques

-         Parler à voix basse à l’intérieur des chambres

-        Faire les transmissions (médecins-infirmières) hors des chambres

-        Fermer délicatement les portes, ne rien poser sur l’incubateur, éliminer la condensation formée dans

les tubes du respirateur, disposer d’un moniteur central qui enregistre les tracés des enfants… 

-        Utiliser la musique en interaction avec l’enfant (musique écoutée pendant la grossesse, musique

choisie par les parents, musique douce rassurante…)  (mais ni trop fort, ni en continu et pendant des

moments d’éveil)

 

 

Limiter les nuisances olfactives 

 

-        Préserver le nez du bébé des odeurs désagréables des produits utilisés pour le nettoyage (ouvrir les

produits hors de l’incubateur)

-          Placer dans la couveuse un mouchoir avec l’odeur rassurante de la mère

 

 

* Pratiques de soutien de développement

 

 

-          Favoriser la détente du bébé en pratiquant un toucher contenant (poser une main sur le ventre et

une sur la tête de l’enfant), un « massage », un peau à peau,  un bain enveloppé…

-          Installer tous les bébés dans un « cocon », favorisant une position adéquate des articulations et leur

apportant des appuis corporels, ainsi qu’un sentiment de sécurité interne. Privilégier la position latérale.

-          Pratiquer la succion non-nutritive. La sucette  permet de simuler le sein de la maman, d’entretenir le

réflexe de succion des bébés gavés, de mieux digérer (restitue l'étape salivaire de la digestion), de se

détendre, de rassembler le bébé autour d'une zone essentielle, la bouche, et permet un auto-massage des

éléments crâniens, bien malmenés à la naissance.

-          Favoriser le grasping pour calmer l’enfant (le doigt du soignant pendant les soins, un tissu léger

apporté par les parents…)

 

 

* Organisation des soins

 

 

-          Regrouper certains soins pour éviter de déranger trop souvent le bébé, ou les répartir sur la journée

afin de lui ménager des périodes de récupération. Cela nécessite de mettre en place une collaboration

entre les médecins et les infirmières

-            Avoir tout le matériel nécessaire à portée de main pour réaliser le soin

-           Réaliser à deux (lorsque c’est possible) les soins douloureux : une infirmière réalise le soin et une autre

personne (infirmière, psychomotricienne, parent) contient l’enfant

-           Rendre les parents « acteurs » dans la prise en charge de leur enfant (rôle de soutien pour le bébé,

réalisation des soins, du bain…)

 

 

* Autres

 

 

-            Personnaliser la chambre du bébé avec des photos des parents, des dessins des frères et sœurs

placés sur les murs ; des jouets et peluches mis dans la couveuse (dans la ligne du regard du bébé de

préférence)

-           Créer une pièce de détente pour les parents (dans laquelle ils peuvent réchauffer un repas, se

détendre, discuter avec d’autres familles…)

 

 




     
                                             

 

L'environnement du bébé en néonatalogie